Vivre ma ville : Montréal
Originaire de Montpellier, Julien Valat s’est établi en 2010 à Montréal, dont il est tombé amoureux lors d’un stage étudiant. Aujourd’hui conseiller financier indépendant, il est citoyen canadien depuis 2014. Grand connaisseur de la métropole québécoise et de ses différents quartiers, il est l’auteur de Portraits de Montréal parus aux éditions Hikari.
Comment a débuté votre histoire avec Montréal ?
A 21 ans, je mettais pour la première fois les pieds à Montréal dans le cadre d’un stage étudiant proposé par mon école d’ingénieur en France. C’était l’hiver mais il n’y avait pas de neige. J’étais très déçu ! Je suis tout de suite tombé amoureux de cette ville et des Québécois en général. C’est une grande ville nord-américaine, avec tout ce que cela implique ; je suis revenu en France, j’y ai travaillé un an. De retour à Montréal pour quelques jours de vacances, j’ai pris conscience que c’était ici que je voulais vivre : « Montréal, c’est chez moi ». J’ai effectué les démarches pour émigrer. En 2010, j’étais de retour comme résident, sans emploi, avec quelques milliers de dollars en poche pour me donner le temps de trouver un job et juste un petit réseau de connaissances.
Aujourd’hui, je vis dans le quartier de Rosemont, à côté du marché Jean Talon, le plus grand marché à aire ouverte d’Amérique du Nord. C’est un quartier familial, un peu en retrait du centre-ville. On s’éloigne des quartiers américains avec de grands immeubles. Ici, c’est davantage francophone, avec de petites maisons, des parcs et une véritable vie de village. Rosemont a une identité spécifique, on y trouve des petits bars sympas, des boulangeries, des petits magasins de quartier, des épiceries… C’est très francophone au sens large, un peu comme le quartier du Plateau investi par les Français depuis de nombreuses années, mais aussi très international avec la proximité du marché Jean Talon.
Quels sont les incontournables de Montréal ?
Sans hésiter le Mont Royal, symbole de la ville ! Les Montréalais l’appellent la Montagne. C’est le point névralgique et on peut s’y rendre à partir de plusieurs quartiers. Été comme hiver, les habitants vont s’y promener. Beaucoup d’activités y sont organisées à chaque saison. C’est le plus grand espace vert, tu n’as plus l’impression d’être en ville. Le parc du Mont Royal a été réalisé par Frédéric Low Olmsted, architecte paysagiste qui a également conçu le Central Parc à New-York. C’est aussi le meilleur point de vue de Montréal, d’où l’on voit le centre-ville d’un côté et le magnifique oratoire Saint-Joseph de l’autre.
Le Vieux Montréal et le Vieux Port sont aussi des endroits où il est sympathique de se promener mais sans doute moins original pour un Français qui a l’habitude des bâtiments anciens. Ils sont aussi très fréquentés.
La galerie souterraine ? A mon sens, elle n’a pas grand intérêt mais si vous souhaitez la découvrir, faîtes-le avec un guide à travers une visite à thème. Ce sera plus intéressant.
Quant au centre-ville, il est incontournable pour tous ceux qui n’ont jamais visité une ville nord-américaine. Allez au complexe immobilier de la Place Ville-Marie. Il y a un observatoire au sommet d’où l’on découvre un panorama exceptionnel. C’est très sympa pour y prendre un brunch le week-end.
Quels sont vos quartiers préférés ?
Le Plateau est un incontournable et l’un de mes favoris pour aller boire un café, se balader ou se diriger vers le Mont Royal. Ici, on est vraiment dans le côté « vivre et laisser vivre », l’atmosphère est agréable, on rentre dans les petites boutiques dont on connaît bien les propriétaires, on va manger une pâtisserie. Il y a de très bonnes boulangeries sur le Plateau. C’est un quartier très français.
J’aime aussi beaucoup Griffintown, un ancien quartier ouvrier au sud-ouest de Montréal, encore peu fréquenté, où ont été réhabilités les anciennes usines et entrepôts : ces bâtiments en brique rouge très anglo-saxons avec restaurants, cafés et bars incontournables selon moi, surtout en été. On y trouve aussi une scène artistique dynamique. Non loin de là, un peu plus à l’ouest, se trouve le marché Atwater, moins connu que le marché Jean Talon, mais qui vaut vraiment le détour.
Et que dire des Montréalais ? Ils ont la réputation d’être très conviviaux…
Je me considère moi-même comme un Montréalais ! Les Canadiens sont très ouverts, très multiculturels et chaleureux. Il est difficile de faire un portrait robot des Montréalais. Ici, c’est très relax, bien plus que dans n’importe quelle autre grande ville du monde. « Vivre et laisser vivre » : c’est exactement ça ! Surtout dans les quartiers en dehors du centre. Les touristes sont accueillis à bras ouverts à Montréal, et ce d’autant plus qu’on porte ici une attention particulière au service.
Que font-ils le week-end ?
Cela dépend bien sûr de la saison. En été, il y a beaucoup de festivals, on se balade sur les bords du Saint-Laurent, on prend un verre en terrasse. En hiver, on prend sa voiture et on va skier à une heure de Montréal. On va pêcher sur un lac gelé, on passe le week-end dans un chalet en famille ou entre amis. A Montréal, il y a un festival incroyable de musiques électroniques, l’Igloofest, en extérieur sur les quais du Vieux Port. Tout le monde danse, bien emmitouflé, dans un décor de glace : c’est pas banal !
Et puis au printemps, bien sûr, on peut se rendre dans une cabane à sucre, très traditionnelle au Québec. C’est là, au milieu des forêts d’érable, qu’on récolte le fameux sirop d’érable du Québec. A voir.
Quelle place tient la culture à Montréal ?
Elle fait partie de la vie quotidienne, surtout à la belle saison. Quand on a eu plusieurs mois d’hiver intense, dès la fin avril et début mai, les gens sont heureux de pouvoir sortir. Les festivals s’enchaînent jusqu’en septembre. Musique, cinéma, gastronomie, art, etc. Il y a toujours une raison pour sortir, à l’image de Montréal et des Montréalais qui n’attendent que ça. Je parlais de l’Igloofest en hiver, il y a aussi Montréal en lumières et l’ouverture des musées lors de la Nuit blanche en plein mois de février. En été, le festival de Jazz est l’un des plus importants au monde. Et en juillet a lieu une compétition internationale de feux d’artifice, l’Internationale des Feux-Loto Québec, à contempler du Vieux-Port, à côté du pont Jacques Cartier.
Les Montréalais sont amateurs de bonne chère. Que peut-on conseiller comme expériences culinaires ?
La Poutine est LE plat typique et incontournable parce que c’est un symbole québécois : des frites bien grillées avec de la sauce brune et recouvertes de fromage « couic-couic », parce que ça grince quand il est frais. C’est la base. Tu peux changer tes frites pour de la poutine dans tous les fast-food de Montréal si tu le souhaites.
Le sirop d’érable est un autre symbole gastronomique du Québec, mais aussi les canneberges et bleuets avec lesquels on confectionne des confitures, des tartes et des sirops. Il y a les tourtes au gibier, les fraises de l’île d’Orléans, très réputées, et toute sorte de produits locaux que tu découvres au marché Jean Talon ou au marché Atwater. On commence à voir apparaître une cuisine plus raffinée avec de bons fromages, des charcuteries et des bières brassées localement. Il y a des micro-brasseries partout à Montréal.
On constate un développement de la gastronomie au Québec et de plus en plus de chefs réputés québécois, souvent formés en France, ouvrent de grands restaurants. A Montréal, il faut faire l’effort de ne pas seulement manger un burger ou une poutine. C’est l’une des villes au monde où il y a le plus de restaurants par habitant.
Et en vous baladant, n’hésitez pas à manger sur le pouce dans un des multiples food trucks de la ville: on appelle ça « la bouffe de rue » ici, c’est vraiment rentré dans les mœurs. Chaque festival, chaque quartier a son ou ses camions ambulants. Ce n’est pas toujours bon marché, mais c’est très convivial et pratique.
Quelle langue parle-t-on à Montréal ?
Montréal est très bilingue, anglais/français. Il y a des gens qui ne parlent qu’une seule langue mais la majorité des Montréalais sont bilingues, surtout sur l’île de Montréal. Au niveau géographique, il y a des quartiers plus anglophones et d’autres plus francophones. L’avenue Saint-Laurent, qui va du nord au sud, coupe historiquement la ville en deux. A l’ouest, c’est anglophone ; à l’est, c’est francophone (Rosemont, Le Plateau, le Village…)
Personnellement, je travaille dans les deux langues et les nouvelles générations parlent aisément anglais et français.
Les bons plans de Julien
Une bonne poutine
La Banquise (994 Rue Rachel Est) (Quartier : Plateau)
Une véritable institution montréalaise que l’on trouve dans tous les guides, et pour cause : des recettes classiques ou plus originales, une qualité excellente et constante, des prix abordables, et ouvert 24h/24 !
Un bon brunch
Régine Café (1840 Rue Beaubien Est) (Quartier : Rosemont-La-Petite-Patrie)
Une référence pour beaucoup de Montréalais qui font la file le weekend, été comme hiver, pour aller déguster dans un décor rococo moderne, un brunch délicieux, réconfortant et abordable. Mon conseil : la pâte à tartiner à la noisette, faite maison !
Une bonne microbrasserie
Dieux du Ciel ! (29 avenue Laurier Ouest) (Quartier : Mile-End)
Une référence pour la qualité des bières qui y sont brassées, au coeur d’un quartier parmi les plus tendances de la ville. (attention – pas de mineurs dans les bars)
Un bon café, en été
Café du Marché (236 Place du Marché-du-Nord) (Quartier : Rosemont)
En terrasse, au soleil, avec l’effervescence du Marché Jean-Talon juste devant nos yeux, et souvent des musiciens de rue qui se relaient ci et là.
Un bon café, en hiver
Crew Collective & Café (360 Rue Saint-Jacques) (Quartier : Vieux-Montréal)
Surtout pour le cadre exceptionnel, l’ancien siège de la Banque Royale du Canada, bâtiment qui fût à sa construction, le plus haut de la ville !
Une belle activité en famille (été)
H20 Adventures (2727B Rue Saint-Patrick) (Quartier : Sud-Ouest)
Pour faire un tour de canoë / barque le long du canal de Lachine, parce que c’est facile, tranquille, relax et original !
Retrouvez le guide Portraits de Montréal sur le site des éditions Hikari
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