Vivre ma ville : Buenos Aires
Caroline Behague a vécu six ans à Buenos Aires, capitale de l’Argentine. La plus grande ville du pays comptait 3 millions d’habitants en 2016, 15 millions avec son agglomération. Revenue en France, Caroline Behague y retourne chaque année rendre visite à la famille de son mari argentin. Elle est l’auteure de Portraits de Buenos Aires parus aux éditions Hikari.
Quelle est votre histoire avec Buenos Aires ?
Tout a commencé lorsque j’effectuais un stage à Madrid. J’ai rencontré un Argentin, devenu mon mari. Nous avons vécu quelques années en France avant de décider de mettre le cap sur l’Argentine. Je suis venue une première fois à Buenos Aires en 2006, j’y ai passé trois mois et je suis repartie. Journaliste, j’avais peu de perspectives d’emploi dans cette ville. Je m’interrogeais sur le fait de quitter la France pour une ville à l’ambiance anarchique qui ne m’a pas particulièrement attirée au premier abord. Finalement, je suis revenue 9 mois après, j’ai pris la direction du Petit Journal de Buenos Aires, ce qui m’a permis de mieux connaître cette ville et de l’apprécier davantage.
Quelle est l’histoire de Buenos Aires en quelques mots ?
Buenos Aires, comme le reste de l’Argentine, a vécu sous la domination espagnole jusqu’au 25 mai 1810, date de l’établissement d’un premier gouvernement local et de la fête nationale. Pendant la Première guerre mondiale, beaucoup d’immigrés ont fait fortune dans le commerce de la viande bovine. L’Argentine était un pays où l’on pouvait s’enrichir et il attira sur ce rêve une importante population issue de toute l’Europe. Des Anglais, des Français, des Italiens, des Espagnols mais aussi des Slaves. Des Juifs fuyant les pogroms et les criminels nazis y ont trouvé refuge après la Seconde guerre mondiale. L’Argentine rappelle souvent ces racines européennes. Contrairement à son voisin brésilien, la population noire a complètement disparu à Buenos Aires, en raison de massacres d’abord puis de métissages.
Quels sont les sites incontournables de la ville ?
Sur la place de Mai (Plaza de Mayo), centre névralgique de la capitale argentine, il faut aller voir le Cabildo, un édifice historique de style colonial, qui abrita la municipalité sous la domination espagnole. Il a été le théâtre principal de la Révolution de Mai, en 1810, qui entama la longue guerre d’indépendance.
On peut également visiter le Théâtre Colon entièrement rénové, réputé pour son acoustique exceptionnelle. Ce monument historique est aussi emblématique de la capitale.
Derrière la Casa Rosada, le Palais présidentiel, se trouve le centre culturel Nestor Kirchner (autrement appelé Correo Central), un bâtiment très impressionnant qui abrita l’ancienne poste centrale argentine, l’un des plus beaux immeubles de la ville. Vous pourrez y voir de belles expositions, des projections, assister à des concerts.
Quels sont vos quartiers préférés ?
J’aime beaucoup me balader sur l’avenue Corrientes, une des principales artères de Buenos Aires, longue de plus de huit kilomètres, au bout de laquelle se trouve l’Obélisque, un point de repère essentiel. Sur cette avenue se trouvent de nombreuses librairies d’occasion. J’aime beaucoup y flâner, surtout en soirée. On dit qu’à Buenos Aires, on peut s’acheter un livre à 2 h du matin et c’est vrai ! On trouve aussi beaucoup de salles de spectacles et de théâtres ainsi que de nombreux restaurants où les habitants vont dîner après la représentation. C’est une artère très vivante et agréable le soir, quand le trafic routier a diminué. On y savoure une certaine énergie, très représentative de la ville.
Quel est le meilleur moyen de se déplacer en ville ?
Le bus est un bon moyen de se déplacer mais plutôt si vous parlez espagnol. Il vous suffit d’identifier les deux ou trois lignes principales. Sinon, privilégiez les radio-taxis, qui ne sont pas très cher. Le métro est également assez facile à utiliser. Les quartiers touristiques de la ville sont tous irrigués par une ligne de métro.
Quels sont les quartiers où l’on peut voir ces fameux spectacles de tango argentin ?
Il faut aller voir une milonga, c’est-à-dire une soirée où l’on danse le tango. Milonga signifiant au départ une musique associée au tango. Certaines milongas ont des codes vestimentaires très strictes. Le tango est réellement une pratique vivante pour les Argentins, ce n’est pas uniquement du folklore et vous verrez beaucoup de couples danser le tango.
Il y a des clubs fameux dans la ville et certains sont plus ouverts aux touristes et débutants comme La Viruta dans le quartier de Palermo, où l’on peut prendre des cours collectifs avant l’ouverture du bal. Il y a aussi La Glorieta de Belgrano, le dimanche soir, où les couples s’enlacent en plein-air sous l’ancien kiosque à musique du parc. C’est charmant. Sachez que l’on danse jusqu’au bout de la nuit à Buenos Aires, voire jusqu’au petit-matin…
Pour écouter de bons groupes de tango argentin, je recommande le Centro Cultural Torquato Tasso, dans le quartier de San Telmo. On y entend des orchestres magnifiques « typiques ». Et si vous voulez écouter du tango plus contemporain, il faut se rendre dans le quartier de l’Almagro, un quartier historique du tango, écouter l’orchestre de Fernandez Fierro.
Quels sont les plats de Buenos Aires ?
La parrilla, c’est-à-dire la viande bovine grillée. Je conseille d’aller dans les restaurants qui vendent de la viande d’exportation, c’est ici que vous trouverez une excellente qualité : ce sont des morceaux de viande de bœuf de premier choix, à la fois savoureux et tendres. Dans le quartier moderne de Puerto Madero, la Cabana las Lilas est une excellente adresse. La Cabrera à Palermo est aussi un passage obligé pour les amateurs.
Autre spécialité, le choripan, la saucisse de chorizo grillée que l’on mange dans un morceau de pain. C’est un peu le hot dog local.
Que font les Portenos (habitants de Buenos Aires) le week-end ?
La ville est très calme le week-end, il y a beaucoup moins de circulation, ce qui la rend très agréable. Les habitants en profitent pour se rendre dans les parcs de la ville. Certains y pique-niquent et font des barbecues dans les parcs équipés de parillas, qui sont plutôt situés en périphérie. Pour les parcs plus centraux, les Portenos participent à des cours de gymnastique gratuits, assistent à des spectacles de rue, prennent le maté entre amis… Le parc est un espace de loisirs important pour les Portenos.
Dans la zone nord du quartier de Palermo se trouvent les Bois de Palermo (Bosques de Palermo), un grand espace vert qui renferme notamment une roseraie. Il est très fréquenté en fin de semaine par les familles argentines.
Quelle est la meilleure période pour visiter Buenos Aires ?
Très probablement les mois d’octobre et novembre, où il fait doux. Evitez le mois de juillet où l’hiver peut être très froid. Même si cela ne dure que trois semaines, il fait à peine 5°C. En décembre et janvier, les températures montent facilement jusqu’à 40°C, il faut pouvoir supporter ces chaleurs.
Propos recueillis par Sabrina Rouillé.
Les bons plans de Caroline
Un café-pâtisserie
J’adore les confiterias historiques de la ville et par extension, ce que la ville a nommé los bares notables, nichés dans leur bâtiment d’origine. Si le plus connu d’entre eux est Le Tortoni où l’on peut écouter du tango, je préfère pour ma part Las Violetas à l’esthétique art déco. Ils ont un choix incroyable de facturas (viennoiseries) argentines nappées de dulce de leche ou de confiture de coing et proposent aussi une variété impressionnante de sandwichs de miga, ces en-cas faits à partir d’un pain de mie très fin, déclinés dans des recettes originales.
Las Violetas, avenue Rivadavia 3899.
Un bar à pizzas
La pizzeria Güerrin sur l’avenue Corrientes rassemble touristes et Argentins devant des pizzas cuisinées à l’argentine, généreuses sur la garniture et la mozzarella fondante ! On peut s’asseoir et prendre le temps, ou prendre une part de pizza sur le pouce en partageant le comptoir comme pour les tapas espagnols.
Pizzéria Güerrin, avenue Corrientes 1368.
Un restaurant
J’ai mangé la meilleure viande de ma vie à la parrilla La Cabrera dans le quartier de Palermo. Goûtue et fondante, une expérience incroyable ! Demander une parrilla permet aussi de goûter à des morceaux d’abats que les Argentins adorent.
La Cabrera, José A. Cabrera 5127.
Un musée
Je viens de découvrir le Centro Cultural de la Ciencia dans le quartier de Palermo, un très joli centre de partage des sciences à destination des enfants. Très joli, hyper ludique. Mes enfants de 10 et 4 ans ont vraiment apprécié et moi aussi.
Centro Cultural de la Ciencia, Godoy Cruz 2270.
Retrouvez le guide Portraits de Buenos Aires sur le site des éditions Hikari
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