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Hô Chi Minh Ville, capitale économique du Vietnam : la mégalopole d’Asie du Sud-Est, forte de ses 10 millions d’habitants, est en pleine mutation. L’ancienne « perle coloniale de l’Extrême-Orient » se modernise rapidement, au risque de voir disparaître une grande partie de son patrimoine architectural. Mais tandis que les gratte-ciels se multiplient, des quartiers traditionnels subsistent encore malgré tout et offrent de la ville un double visage. À la fois moderne et traditionnelle, sage et effrontée, calme et bouillonnante, Saigon est la ville des paradoxes.

Hô Chi Minh Ville ou Saigon ? Vous entendrez souvent les deux appellations. Saigon est en fait l’ancien nom de la ville, devenue officiellement Hô Chi Minh Ville après la victoire des troupes communistes du Nord Vietnam en 1975. Elle fut rebaptisée Thanh Pho Hô Chi Minh le 2 juillet 1976. Ce nom faisant référence au père de l’Indépendance et fondateur du Parti communiste vietnamien, Hô Chi Minh, affectueusement appelé Oncle Hô et toujours très respecté au Vietnam aujourd’hui. Les habitants eux-mêmes appellent encore souvent la grande cité du sud, Saigon, un nom qui porte en lui l’identité de la ville et son histoire.

De son terrible passé au XXe siècle (la guerre d’Indochine puis la guerre du Vietnam), la ville a presque fait table rase. Mais il lui aura fallu deux décennies pour se relever de ses cendres.

Aujourd’hui, Hô Chi Minh Ville compte 24 arrondissements et ne cesse de s’agrandir. Elle développe de grands projets urbains dont le plus emblématique est très probablement celui de Thu Thiem. Des bords de la rivière Saigon, vous ne manquerez pas de voir toutes ces grues à l’ouvrage de l’autre côté de la rive, face au centre historique.

Mais nul besoin d’attendre la fin de ces constructions : aujourd’hui déjà, la ville affiche une skyline contemporaine. Hôtels, immeubles résidentiels ou bureaux, vous pourrez profiter des « rooftops », ces toits-terrasses où de nombreux bars et restaurants branchés se sont installés ces dernières années. Et au pied de ces immeubles, parfois, le contraste est saisissant : un café de rue, une marchande ambulante, une vieille maison délabrée, des cours intérieures où l’on découvre une vie de quartier traditionnel. A Saigon, l’ancien côtoie l’ultra-moderne dans le centre-ville. C’est ce mélange incroyable qui fait probablement son charme. Saigon n’est pas une. Elle est multiple. Et c’est pour cette raison qu’elle ne se laisse pas découvrir en une journée.

Ho Chi Minh - Skyline

Ho Chi Minh – Skyline

Les incontournables de Saigon

Vous ne manquerez pas de visiter la cathédrale Notre-Dame, la Poste Centrale héritée de la colonisation française à la structure métallique conçue par le cabinet de Gustave Eiffel ; le Palais de la Réunification, le Musée de la guerre, le marché de Ben Thanh où vous pourrez exercer vos talents de marchandage pour acheter souvenirs artisanaux, bijoux, sacs, vêtements de sport mais aussi café, noix de cajou ou épices… Faites une pause et rafraîchissez-vous d’un délicieux smoothie ou d’un jus de fruits frais, à moins que vous ne préfériez le jus d’une noix de coco bien fraîche.

De la rivière Saigon, remontez le boulevard piéton Nguyen Hue pour découvrir l’Hôtel de Ville à l’architecture coloniale, bifurquez vers la célèbre rue Dong Khoi d’où vous découvrirez l’Opéra, dont la façade est inspirée du Petit Palais à Paris, ainsi que de nombreuses boutiques de luxe et des centres commerciaux ultra-modernes. Je vous recommande une petite visite au concept-store L’Usine, l’un des lieux les plus branchés de la ville où se côtoient Vietnamiens, expatriés et touristes étrangers. Vous pourrez y prendre un café latte ou un jus de fruits frais, et découvrir les marques de créateurs de vêtements, accessoires et objets de décoration.

Lorsque vous aurez vu les « incontournables » du district 1, n’hésitez pas à vous éloigner. Pour vous engouffrer sous les porches et découvrir un charmant café ; pour emprunter l’une des multiples hem, ces petites allées où vous irez à la rencontre de la vie traditionnelle saigonaise… C’est en s’extrayant du trafic incessant qui peut s’avérer fatigant à la fin d’une journée de marche, que vous aurez une autre vision de la ville. Car il suffit de quitter les grands axes et les rues très commerçantes, pour pénétrer dans un imbroglio de ruelles calmes et accueillantes.

Une délicate cuisine vietnamienne

Dans ces quartiers, à l’heure du déjeuner, asseyez-vous sur l’une des petites chaises de plastique rouge ou bleu disposées sur le trottoir, dans l’un des nombreux restaurants de rue que compte Saigon. Vous dégusterez un phở, le plat national vietnamien que les habitants consomment à tout moment de la journée, en particulier le matin au petit-déjeuner : un bouillon délicieusement épicé dans lequel sont jetées, au moment de servir, de fines lamelles de bœuf, et auquel on ajoute un zeste de citron vert, du basilic thaï et des oignons crus. À moins que vous ne préfériez le bun chia gio, communément appelé « bo bun » en France : vous découvrirez les véritables saveurs de ce plat de nouilles de riz, accompagné de nems coupés et d’herbes aromatiques.

À la nuit tombée, lorsque la chaleur se fait moins sentir, vous n’aurez que l’embarras du choix pour prendre un verre en terrasse : cocktails raffinés sur un toit-terrasse contemporain ou une bière bien fraîche dans la rue, sur le trottoir, en compagnie des Saigonais qui sauront vous accueillir chaleureusement.

Par Sabrina Rouillé.

Où dîner ?

Le Cuc Qach Quan

Dans ce restaurant à la décoration vintage magnifique, la cuisine vietnamienne, sans glutamate et sans conservateur, est délicieuse : les plats remettent notamment les anciens légumes au goût du jour. Je conseille les fleurs de courgettes ou de potiron sautées, les calamars au tamarin, le tofu à la citronnelle, le bœuf sauté aux légumes de votre choix… Et leurs jus de fruits sont un délice. Cu Qach Quan, 10 Dang Tat, district 1.

Où écouter de la musique ?

Le Yoko café

Le Yoko (dont le nom est inspiré de Yoko Ono) est l’un de mes endroits préférés, tenu par un Vietnamienne elle-même chanteuse du groupe Tofu Band, où j’aime sortir le soir, pour son atmosphère gaie et son esprit indépendant. On passe un bon moment à écouter des concerts live, en buvant un verre, dans une ambiance décontractée. Groupes vietnamiens et étrangers. Yoko cafe, 22 A Nguyen Thi Dieu, district 3.


Portraits de Saigon - Hikari Éditions

Sabrina Rouillé, journaliste et blogueuse,
est l’auteure du guide Portraits de Saigon,
paru aux éditions Hikari en juin 2018.

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